lundi 17 octobre 2016

CREATION DE PLUS DE 6000 LOGEMENTS MAIS AUCUNE ECOLE SUPPLEMENTAIRE



Marseille : dans les nouveaux quartiers, les écoles manquent à la pelle
       Écrit par  jlembert
       lundi 17 octobre 2016 14:03
       
Le collectif promet de mener des actions pour dénoncer la pénurie d’écoles dans ce secteur de Marseille. Photo C.W. 

Le collectif des écoles publiques du 3e arrondissement lance l’état d’urgence scolaire. Les établissements sont sous pression dans un quartier qui verra arriver 6 000 logements neufs, sans construction nouvelle à la rentrée.

« Je ne comprends pas ce qui se passe à Marseille. Mon fils n’aura pas d’école pour sa rentrée en CP. Ma seule option c’est de déménager. » Amel Tlili, maman de deux enfants, fait partie de ces nouveaux marseillais qui découvrent l’autre facette de la ville. Celle du sous-équipement chronique, dans des quartiers en pleine mutation, où les projets immobiliers poussent plus vite que les écoles.
Une situation qui peine à s’exprimer dans un quartier parmi les plus paupérisés de la ville, si ce n’est par la voix d’un jeune collectif des écoles publiques du 3e arrondissement de Marseille, où se retrouvent des militants communistes, associatifs, parents d’élèves, enseignants, comité d’intérêt de quartier pour dénoncer ce nouveau scandale marseillais.
à la rentrée scolaire de 2017, la pénurie d’écoles publiques pourrait devenir ingérable. 6 000 logements seront livrés mais pas d’écoles. « à cause des problèmes de transport, les gens ne bougent pas trop mais notre action pourrait leur faire peur », affirme Alain Bureau, membre du collectif et président de CIQ.
Révolution sous tension
Sous la passerelle de Plombières, 200 logements neufs seront livrés en décembre. Et déjà les esprits s’échauffent. Récemment, la directrice de l’école Révolution, a été prise à partie par un parent d’élève, parce qu’elle ne pouvait pas y inscrire son enfant. Des enseignants s’inquiètent de l’absence de projets. Quatre classes seraient créées en 2017 à l’école Bugeaud. Ce qui porte à 21 le nombre de classes dans des préfabriqués sur ce site appelé à devenir un jardin public. « C’est comme un jeu de Lego, on empile des préfabriqués. C’est à flux tendu », déplore une enseignante.
Le collectif appuie son action sur un document officiel produit par la mairie des 2e et 3e arrondissements. Dans les quartiers Saint-Mauront, Belle-de-Mai, la Villette et Saint-Lazare 6 000 logements sont en construction vendus sur plan sans équipements publics à l’horizon 2020. Du côté d’Euroméditerranée, les rares annonces qui circulent du côté de l’établissement public concernent la construction d’un collège et d’un lycée international, pour rendre les programmes attractifs mais rien pour la rentrée sur les écoles primaires dans un secteur où tous les établissements relèvent de l’éducation prioritaire.
à la limite du 3e arrondissement, les quartiers Nord ne sont guère mieux lotis. « Aujourd’hui rien n’est programmé. Une école devrait être créée sur la partie des Crottes-Cabucelle parce qu’on fait du logement mais pas d’école », s’alarme Samia Ghali, maire de secteur socialiste. « On passe notre temps à essayer de bricoler, pour que des familles ne soient pas obligées de se partager d’un secteur à l’autre. »
Opération gadget
Marseille paie le prix fort de l’austérité, de la baisse des dotations et d’une éducation nationale à la traîne. « On est dans la spirale de l’austérité. Les promoteurs immobiliers, l’attribution du foncier par la Ville vont plus vite que la construction d’équipements publics », souligne le conseiller municipal communiste, Jean-Marc Coppola. La dernière parade, pour répondre à la pénurie de foncier consiste à confier la réalisation d’équipements au privé. « Attention aux propositions gadgets, comme un lycée privé international, qui n’est même pas budgété par la Région. » Des effets d’annonce qui cachent mal la faillite des écoles.
Dans une ville qui a vu arriver à la rentrée 2 000 nouveaux élèves poussant la municipalité à ouvrir 97 classes, « il faut trouver de nouveaux espaces ». La Ville n’hésite plus à envoyer des élèves dans des établissements loin de leur secteur d’affectation. « Il y a des écoles où on réquisitionne des placards et des dortoirs pour ouvrir une classe », développe Sévérine Gil du MP 13. Cette année, l’académie a crée un poste d’inspecteur chargé de l’urbanisme. Il fera le lien entre logement et besoin scolaire. Le changement viendra de la pression. « La Ville n’a pas de vision », soupire Severine Gil, qui reste persuadée que c’est à l’état de prendre la main. Des millions ont été débloqués suite à la polémique des écoles indignes, parce que l’affaire avait eu un retentissement national. Quant au Département, il commence à peine à mettre la main à la poche.
Catherine Walgenwitz

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