mardi 27 septembre 2016

INTERPELLEE POUR HEBERGER: LA VILLE EXPULSE




Déjà expulsée de plusieurs squats, la famille doit à nouveau quitter son abri avant le 14 octobre. PHOTO M G
Interpellée pour héberger, la ville expulse
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Des habitants s'alarment de la situation d'une famille rorn et questionnent la Ville.
La mairie alerte la préfecture et un avis d'expulsion leur est signifié sans solution d'hébergement

BELLE-DE-MAI
«À Plombières, vers les puces...» Rotnana énumère les différents squats qu'elle et sa famille ont déjà connus sur Marseille en moins de deux années. Le petit groupe « ne veut plus aller dans les grands campements, où c'est pas tranquille ». Ainsi, les huit adultes et trois enfants, de 4,7 et 8 ans, ont-ils fini, à la fin de l'été, par élire domicile dans un local technique désaffecté, rue Séry, à côté du collège Belle-de-Mai. Petite, sans électricité, l'ancienne baraque des cantonniers dispose cependant « au moins d'un toit et d'eau », précise la maman de deux des enfants.

La mairie « sensible au problème»
Matteo, le père, qui maîtrise plutôt bien le français, s'étant perfectionné « grâce à un stage déformation à la Capelette mais il n'y avait pas d'emploi à la sortie », a bien compris ce que signifiait la visite de deux policiers jeudi dernier ; « Ils sont venus nous dire qu’on devait partir avant le 14 octobre, sinon, c'est la police qui nous fera partir. Mais c'est bientôt l'hiver, on ne sait plus où aller et il y a les petits... »
Parmi  les  riverains,  certains sont exaspérés devant cette situation, d'autres s'en émeuvent. Ainsi de Marie-Pierre, membre de la section PCF du 3e: «C’est insupportable de voir des êtres humains, des enfants notamment, vivre à l'ombre des poubelles », écrit-elle dans un courriel à la mairie de secteur, craignant de voir « alimentée une peur traditionnelle et un sentiment d'insécurité périlleux » si aucune prise en charge n'a lieu. De même Gisèle a-t-elle également interpellé les services de la Ville de Marseille, pour rappeler qu'à la Belle-de-Mai les citoyens « payent aussi des impôts « et aimeraient voir leur quartier entretenu. Elle demande à la collectivité publique de reloger cette famille «dans des conditions sanitaires convenables et non de les pousser sous un pont ou à une sortie d'autoroute».
C'est « avec grand intérêt » que la Ville dit avoir pris connaissance de ces mails, dans sa réponse du 11 août. « Sensible à vos doléances, précise le courrier paraphé Jean-Claude Gaudin, j'alerte monsieur Laurent Nunez, préfet de police des Bouches-du-Rhône, sur l'occupation illicite du local. »
On s'attend par la suite au traitement de l'autre aspect soulevé par les riverains, celui du droit à l'hébergement, comme du droit à la scolarisation. Est juste listée une série d'adjoints, mis sur le coup « afin qu'ils se penchent attentivement sur tous les problèmes que vous évoquez », à la sécurité, aux espaces verts, à la propreté, à l'état civil, au mieux vivre ensemble et même à l'innovation et au développement numérique... un échiquier qui laisse vides les cases logement et précarité, ces adjoints ayant dû trop se pencher car c 'est le trou noir.
Myrtam Guillaume La Marseillaise

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