Déjà expulsée de plusieurs squats, la famille doit à
nouveau quitter son abri avant le 14 octobre. PHOTO M G
Interpellée pour héberger,
la ville expulse
Relogement
Des habitants s'alarment de la situation d'une
famille rorn et questionnent la Ville.
La mairie alerte la préfecture et un avis
d'expulsion leur est signifié sans solution d'hébergement
BELLE-DE-MAI
«À Plombières, vers les puces...» Rotnana
énumère les différents squats qu'elle et sa famille ont déjà connus sur
Marseille en moins de deux années. Le petit groupe « ne veut plus aller dans
les grands campements, où c'est pas tranquille ». Ainsi, les huit adultes et
trois enfants, de 4,7 et 8 ans, ont-ils fini, à la fin de l'été, par élire
domicile dans un local technique désaffecté, rue Séry, à côté du collège
Belle-de-Mai. Petite, sans électricité, l'ancienne baraque des cantonniers dispose
cependant « au moins d'un toit et d'eau », précise la maman de deux des
enfants.
La mairie « sensible au problème»
Matteo, le père, qui maîtrise plutôt bien le
français, s'étant perfectionné « grâce à un stage déformation à la Capelette
mais il n'y avait pas d'emploi à la sortie », a bien compris ce que signifiait
la visite de deux policiers jeudi dernier ; « Ils sont venus nous dire qu’on devait
partir avant le 14 octobre, sinon, c'est la police qui nous fera partir. Mais
c'est bientôt l'hiver, on ne sait plus où aller et il y a les petits... »
Parmi
les riverains, certains sont exaspérés devant cette situation,
d'autres s'en émeuvent. Ainsi de Marie-Pierre, membre de la section PCF du 3e:
«C’est insupportable de voir des êtres humains, des enfants notamment, vivre à
l'ombre des poubelles », écrit-elle dans un courriel à la mairie de secteur,
craignant de voir « alimentée une peur traditionnelle et un sentiment
d'insécurité périlleux » si aucune prise en charge n'a lieu. De même Gisèle
a-t-elle également interpellé les services de la Ville de Marseille, pour
rappeler qu'à la Belle-de-Mai les citoyens « payent aussi des impôts « et
aimeraient voir leur quartier entretenu. Elle demande à la collectivité
publique de reloger cette famille «dans des conditions sanitaires convenables
et non de les pousser sous un pont ou à une sortie d'autoroute».
C'est « avec grand intérêt » que la Ville dit
avoir pris connaissance de ces mails, dans sa réponse du 11 août. « Sensible à
vos doléances, précise le courrier paraphé Jean-Claude Gaudin, j'alerte
monsieur Laurent Nunez, préfet de police des Bouches-du-Rhône, sur l'occupation
illicite du local. »
On s'attend par la suite au traitement de
l'autre aspect soulevé par les riverains, celui du droit à l'hébergement, comme
du droit à la scolarisation. Est juste listée une série d'adjoints, mis sur le
coup « afin qu'ils se penchent attentivement sur tous les problèmes que vous
évoquez », à la sécurité, aux espaces verts, à la propreté, à l'état civil, au
mieux vivre ensemble et même à l'innovation et au développement numérique... un
échiquier qui laisse vides les cases logement et précarité, ces adjoints ayant
dû trop se pencher car c 'est le trou noir.
Myrtam Guillaume La
Marseillaise
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