dimanche 19 janvier 2014

30 MILLIARDS D'EUROS DE BAISSE DE COTISATION

30 milliards d’euros de baisses de cotisations : ce que l’on pourrait faire à la place
16 janvier 2014 - Que faire avec 30 milliards d’euros ? Le gouvernement a choisi d’aider les entreprises à réduire leurs cotisations sociales. Il aurait pu en être autrement. Quelques exemples concrets.


Le Président de la République a annoncé, lors de ses voeux à la presse du 14 janvier, que le gouvernement allait réduire de 30 milliards d’ici 2017 les cotisations familiales versées par les entreprises et donc alléger leurs charges. Cette somme colossale ne veut rien dire pour la majorité de la population. Nous vous proposons un chiffrage très simple de ce qui aurait pu être fait en matière de services publics, si l’exécutif en avait décidé autrement. Et si, par exemple, il avait augmenté les dépenses au lieu de réduire les recettes, ce qui revient au même [1].
Avec 30 milliards d'euros, on aurait pu augmenter de...
Le budget de la mission 
Budget 2014 en milliards d'euros 
1,6 fois
Enseignement primaire et secondaire
46,3
2 fois
Défense
29,6
2,2 fois
Recherche et enseignement supérieur
25,8
3,2 fois
Solidarité, insertion et égalité des chances
13,6
3,5 fois
Police
12,2
3,8 fois
Travail et emploi
10,8
4,8 fois
Egalité des territoires, logement et ville
7,8
5,2 fois
Ecologie, développement et aménagement
7,2
5,8 fois
Justice
6,3
11,2 fois
Anciens combattants
3
11,2 fois
Agriculture
2,9
11,3 fois
Aide publique au développement
2,9
11,7 fois
Affaires étrangères
2,8
13,6 fois
Culture
2,4
15,9 fois
Outre-mer
2
24 fois
Santé
1,3
37,6 fois
Médias, livres et industries culturelles
0,8
46,5 fois
Immigration, asile et intégration
0,7
66,2 fois
Sport, jeunesse et vie associative
0,5
Principaux budgets.
Source : calculs Observatoire des inégaltiés, d'après ministère de l'Economie
Bien entendu, ce calcul totalement théorique n’a aucun sens pratique. Multiplier par deux le budget de la Défense ou par six celui de la Justice n’aurait aucun intérêt. Dépenser pour dépenser est absurde, il reste nécessaire d’économiser l’argent public. Ce chiffrage permet simplement de comprendre les ordres de grandeur. A chacun de faire son choix. On peut imaginer l’impact économique, social et au final politique d’une hausse de 20 % du budget de la recherche et de 50 % des forces de sécurité et des moyens au service de l’environnement. On aurait pu aussi utiliser ces 30 milliards pour réduire le déficit public (ce qui en représenterait 40 %), et permettrait de réduire la masse des intérêts versés par l’État.
On peut considérer les choses de façon encore plus opérationnelle. Voici le coût de quelques mesures qui auraient pu être prises pour une addition totale d’environ 30 milliards :
  • Embaucher 100 000 enseignants pour réduire le nombre d’élèves par classe et moderniser l’école = 4,5 milliards d’euros.
  • Verser un minimum social aux 1,1 million de 18-24 ans en situation de pauvreté = 6 milliards.
  • Créer 250 000 emplois jeunes : 4 milliards.
  • Construire 70 000 logements sociaux en Ile-de-France : 12,6 milliards.
  • Verser une allocation mensuelle de 70 euros à toutes les familles ayant un enfant : 3 milliards.
Chacune de ces mesures est discutable. On peut y préférer des places en crèche, un meilleur remboursement des prothèses dentaires ou des lunettes, la rénovation des prisons, les transports en commun ou encore l’amélioration de l’accueil des personnes âgées démunies, etc. La liste est longue des domaines qui font l’objet d’un relatif consensus dans notre société sur la nécessité d’agir. A chacun de choisir en fonction de la valeur qu’il accorde à ces besoins.

Il faut mesurer l’impact social qu’un tel programme de modernisation de l’action publique aurait, en répondant à des besoins sociaux majeurs. De son côté, le plan proposé par le gouvernement est censé créer des emplois et donc réduire le chômage. L’impact de la baisse des charges déjà décidée par le gouvernement - le Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) [2], d’un coût de 20 milliards - a été évalué par l’OFCE à 150 000 emplois qui pourraient être créés d’ici 2018 soit une baisse du taux de chômage de 0,6 point. Soit pas moins de 130 000 euros dépensés par poste
                                                                                     L'observatoire des inégalités

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.